Samedi 12 juin 2021

Rencontre littéraire

En partenariat avec Radio Grenouille, la Friche la Belle de Mai, les Grandes Tables

Marseille, Mayotte, Djibouti : partage des lointains

Dialogue entre Abdourahman Waberi et Nassuf Djailani

Emission radio publique animée par Stéphane Galland

A travers un dialogue inédit, A. Waberi et N. Djailani témoignent de leurs parcours d’intellectuels africains engagés, d’écrivains francophones, de leurs engagements pour une mémoire partagée et apaisée, de leurs visions pour l’Afrique d’aujourd’hui et de demain. Ils comptent parmi les auteurs prolifiques autour des lettres africaines d’expression française, par la ténue poétique, le redéploiement de l’imaginaire de leur terre d’origine. Leurs voix singulières, subversives nous invitent à décoloniser nos imaginaires collectifs. Face à une économie mondialisée et une vision ethnocentriste de l’universalisme, ils questionnent sur l’universalité des droits, du savoir et de l’art à partir de la pluralité humaine et linguistique.
Tout deux, chacun à leur manière, déconstruisent les stéréotypes parfois avec humour. Tout deux soulignent les déchirements et les errances de l’Afrique Noire, avec une écriture révoltée. C’est une écriture au sein de laquelle se côtoient poésie, rêves, humanité et douceur, ainsi que la violence du monde.

Abdourhaman Waberi est né le 20 juillet 1065 à Djibouti. Après des études de littérature anglaise en France, il devient professeur universitaire en Europe puis aux Etats-Unis, il enseigne actuellement les littératures françaises et francophones et la création littéraire à George Washington University.

 Il collabore régulièrement avec Le Monde et d’autres journaux et magazines français. Il vit entre la France, l’Italie et les Etats-Unis. Les premiers ouvrages de Waberi constituent une trilogie sur Djibouti. Son premier livre, Le Pays sans ombre, paraît en 1994. Constitué de courts textes, il brosse le portrait en kaléidoscope d’un pays terrassé par ses fièvres, ses famines et ses guerres. Il publie ensuite Cahier nomade en 1996 puis, deux ans plus tard, Balbala. En 2009, il publie Passage des larmes, récit poétique sur l’exil, le fanatisme et la géopolitique de la Corne de l’Afrique, que l’on peut lire aussi comme un hommage subtil à Walter Benjamin. En 2010, l’Université autonome de Barcelone a réuni un colloque international sur le thème «Abdourahman A. Waberi ou l’écriture révoltée». Une sélection d’articles et autres contributions ont donné lieu à la première publication consacrée exclusivement à l’oeuvre de l’auteur. En 2019, sort le Dictionnaire enjoué des cultures africaines aux éditions Fayard, dans lequel Alain Mabanckou et Abdourahman Waberi proposent une mythographie du continent africain. Son dernier romain, Pourquoi tu danses quand tu marches, nous replonge dans le Djibouti de son enfance, du temps de la colonisation.

Nassuf Djailani est né en 1981 à Mayotte dans l’archipel des Comores. Il quitte son île natale pour La Réunion puis Marseille où il passe son bac. Il intègre ensuite l’école de journalisme de Bordeaux, puis s’installe à Limoges où il travaille pour France Télévisions. Très préoccupé par la situation dans l’archipel des Comores, il crée en 2010 Project-îles, revue d’analyse, de réflexion et de critique sur les arts et les littératures de l’océan Indien. Sa plume est avant tout celle d’un écrivain, romancier, dramaturge et poète engagé dans le monde.
Nassuf Djailani publie son premier recueil de poésie, Spirale, en 2004. Pour son deuxième recueil, Roucoulement, Djailani est lauréat du Grand Prix littéraire de l’Océan Indien (2006). Roucoulement est une plongée dans l’âme comorienne.

La poésie lance un appel à une prise de conscience face aux bouleversements (institutionnels, politiques, sociaux, économiques) à Mayotte qui ont une incidence sur tout l’archipel des Comores. Djailani lance un appel à ses compatriotes à ne pas assister en stériles spectateurs aux changements que connaîtra leur île. Roucoulement est une invitation à plonger dans l’identité mahoraise et comorienne, et à s’interroger sur les espoirs et le destin du peuple comorien. « Ni rire, ni pleurer, mais comprendre ». Deux textes pour le théâtre paraissent en 2012 : Les Balbutiements d’une louve et Se résoudre à filer vers le sud. Son recueil Naître ici est paru en 2019 aux éditions Bruno Doucey et a reçu le prix Fetkann ! Maryse Condé pour la catégorie poésie en 2020.